À l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (Hôpital Laval), le 17 mai 2016, à l’âge de 82 ans, est décédé l’ethnologue Jean-Claude Dupont.
Jean-Claude Dupont a été un pionnier dans le domaine de la culture matérielle, une branche de l’ethnologie qui se penche sur les objets et le quotidien des groupes humains.
«Ses recherches ont porté sur le patrimoine du Canada français», rappelle Jeanne Valois. «Au début de sa carrière, il s’est intéressé aux objets : outils, meubles, bibelots, photos de mariage, etc., puis il s’est tourné vers le patrimoine immatériel ou vivant, surtout aux contes et légendes.»
Ethnologue réputé, récipiendaire en 1993 de la Médaille Marius-Barbeau de l’Association canadienne d’ethnologie et de folklore, et en 1998, du prix Gérard-Morisset, Jean-Claude Dupont a guidé pendant 35 ans comme professeur des centaines d’étudiants. À cet égard, il a dirigé plus de 50 mémoires de maîtrise et 25 thèses de doctorat. En 2005, il a été nommé à l’Ordre du Canada.
Professeur à la Memorial University de Saint-Jean (1964-1965), à Terre-Neuve, et à l’Université de Moncton (1965-1967), au Nouveau-Brunswick, Jean-Claude Dupont enseigne à l’Université Laval de 1968 jusqu’à sa retraite en 1999. En 1979, il devient professeur titulaire du programme d’ethnologie.
Il a été professeur invité à l’Institut français de Worcester au Massachusetts et aux universités de New York à Albany, et de Sudbury en Ontario.
Détenteur d’un baccalauréat ès arts de l’Université Sainte-Anne, en Nouvelle-Écosse, en 1960, Jean-Claude Dupont poursuit ses études à l’Université Laval, à Québec, où il reçoit une licence ès lettres (1963), une maîtrise ès arts et un doctorat en ethnologie. Par la suite, il entreprend des études postdoctorales au Centre d’ethnologie française de Paris.
En tant qu’auxiliaire de recherche au Département de géographie et au Centre d’études nordiques de l’Université Laval, il travaille à la préparation de deux manuscrits, Inventaire toponymique des îles du Saint-Laurent et Les noms de lieu de la Beauce. Il travaille au Centre d’études nordiques avec Jacques Rousseau sur l’ethnographie des côtes de Terre-Neuve.
De 1976 à 1982, il a été directeur du Centre d’études sur la langue, les arts et les traditions populaires des francophones en Amérique du Nord (CÉLAT).
«Dans les années 70 et 80, il était partout», rappelle l’éminent historien et scénariste Michel Lessard. «Les diplômes d’études avancées pleuvaient par dizaines, nourrissant une muséologie en plein élan et un ministère de la Culture en envolée. Les publications étaient des best-sellers et tout le monde ratissait les campagnes pour se dénicher un domaine ou une trace matérielle du passé. Dupont a été un raffineur de carburant de cet éveil populaire, vite mis en image pour la télévision. Le professeur Dupont a ouvert mille pistes à explorer à une foule de créateurs.»
Durant sa carrière, Jean-Claude Dupont a écrit, seul ou en collaboration, une quarantaine d’ouvrages sur la culture matérielle des francophones d’Amérique du Nord dont Le Monde fantastique de la Beauce (1972), Héritage d’Acadie (1972), Le Sucre du pays (1975), Histoire populaire d’Acadie (1979) et L’artisan forgeron (1979).
Avec son épouse, Jeanne Pomerleau, écrivaine qui compte plusieurs publications à son actif, dont Les grandes corvées beauceronnes, Métiers ambulants d’autrefois et Arts et métiers de nos ancêtres, 1650-1950, Gens de métiers et d’aventures et la trilogie Des métiers pour l’âme, Des métiers pour le corps et Des métiers pour le voisinage, il forme une équipe du tonnerre.
Jean-Claude Dupont a aussi publié et illustré une quinzaine de recueils de légendes se rapportant aussi bien à l’Amérique française et au fleuve St-Laurent qu’aux diverses régions du Québec et à la culture amérindienne que l’on peut se procurer aux Éditions JC Dupont.
Soucieux de la diffusion du patrimoine, Jean-Claude Dupont devient alors éditeur et peintre. Il illustre chacune des légendes de ses livres de vulgarisation d’un tableau de style naїf — plus de 400 au total ! Ces tableaux ont d’ailleurs fait l’objet d’importantes expositions à travers le monde.
Selon le professeur d’histoire Kurt Vignola, la plus grande contribution de M. Dupont a été de mieux faire connaître les légendes du Québec auprès du grand public.
D’après Harold Gilbert, «Jean-Claude Dupont avait cette manière de raconter les légendes comme s’il en avait été lui-même témoin. Ce qui est un peu vrai. En effet, né à Saint-Antonin, dans le Bas-Saint-Laurent, le jeune Dupont se plaît à écouter les aïeux, détenteurs de la sagesse populaire, les bûcherons et gens de passage qui se dépensent en histoires abracadabrantes de loups-garous et de trépassés dans la chaleur du magasin général familial.»
Il reçoit un doctorat d’honneur ès lettres de l’Université de Moncton en 2004 ainsi qu’un doctorat honorifique en études acadiennes de l’Université Sainte-Anne en 2012.
Entre 1973 et 1976, Jean-Claude Dupont, homme aux multiples talents et papa exemplaire qui adorait ses trois petites filles, a aussi écrit les textes de plusieurs chansons d’Angèle Arsenault et Edith Butler, dont Sail à majeur, l’Acadie s’marie, Les berceaux et Nos hommes ont mis la voile.
«Homme modeste et d’une grande simplicité, tous, que ce soit des collègues de travail ou des étudiants, lui faisaient immédiatement confiance», mentionne Jeanne Valois. «Généreux envers les nombreux étudiants qu’il a côtoyés, il parvenait à nouer une relation de confiance avec chacun d’eux. Empathique à souhait, il savait charmer tous ceux qu’il rencontrait que ce soit au travail ou dans sa vie privée.»
Jean-Claude Dupont était l’époux de Jeanne Pomerleau, fils de feu Marie-Anne Castonguay et de feu Vilmaire Dupont. Outre son épouse, il laisse dans le deuil ses enfants : Luc (Julie Tanguay) et Marie; ses petits-enfants : Anaïs, Bianca et Sabrina Dupont; ses frères, sœurs, beaux-frères et belles-sœurs des familles Dupont et Pomerleau ainsi que plusieurs neveux, nièces, autres parents, ami(e)s, collègues et étudiants.